Par des temps de brouillard, de vent froid et de pluie,
Quand l'azur a vêtu comme un manteau de suie
Fête des anges noires! Dans l'après-midi tard,
Comme il est douloureux de voir le corbillard,
Traîné par des chevaux funèbres, en automne,
S'en aller cahotant au chemin monotone,
Là-bas vers quelque gris cimetière perdu,
L'on salue, et l'on est pensif au son des cloches,
Élégiaquement dénonçant les approches
D'un après-midi tel aux rêves du trépas.
Alors nous croyons voir, ralentissant le pas,
À travers des jardins rouillés de feuilles mortes,
Pendant que le vent tord des crêpes à nos portes,
Sortir de nos maisons, comme des coeurs en deuil,
Notre propre cadavre enclos dans le cercueil.
Émile Nelligan